Alors voila une petite introduction. Hum, hum :
Oye ! Oye ! Braves Lecteurs !
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Ici, je publierai des nouvelles et des 'romans' plus ou moins avancés ! J'espère que mes histoires vous plairons ! N'hésitez pas à me contacter pour me poser des questions ! "Bonne lecture ! "

3 déc. 2011


Voilà une nouvelle histoire (et oui encore une !) Vous remarquerez la ressemblance entre Arianna et la Diva de l'Adriatique, mais elles n'auront pas la même fin !

-I-

Les lumières étaient éblouissantes. Je mis ma main en visière pour apercevoir la scène. Beaucoup trop lointaine à mon goût. Je tournai la tête. Je vis Paul qui me regardait en souriant. Il était heureux d'être ici, c'est ce qui importait. Je lui rendis ce sourire. Qu'importe. Le visuel ne comptait pas dans les bars à spectacles quand Arianna s'y produisait. Sa voix. Je voulais seulement entendre sa voix. Toute une classe de la population parisienne était présente ici, au Diamant. Des gens riches surtout. Des hommes en costume ou, plus casual, en chemise blanche et veste. Des femmes en robes ou en jupe. Je baissai les yeux et me fixai. Une robe qui avait dû être noire il y a un temps, était maintenant entre le gris foncé et le gris souris. Des vieux talons-aiguilles usées à leur extrémité. Je bougeai un de mes pieds dans ces chaussures si inconfortables. Je sentis quelques chose. Ah oui. Une des deux semelles était sur le point de se décrocher. Merci. J'adore les surprises. Enfin... Je voulais voir ce phénomène, cette « grandeur terrible » qui se dégageait de son visage, comme le décrivait l'article élogieux qu'avait fait Télérama. Voilà. Les lumières faiblirent. Paul me prit la main et la serra. Je la laissai, tel un poisson mort entre ses mains fermes. Puis, je me ravisai. Je la retirai subitement, sans même le regarder. Je voulais seulement entendre chanter Arianna. Elle arriva, escortée d'un homme musclé, qui la laissa devant son micro. Elle possédait une grande chevelure brune comme l'on n'en faisait plus au vingt-et-unième siècle. Un chapeau que l'on croyait tout droit sorti d'un coffre victorien lui recouvrait le visage avec une voilette noire. Je réussis tout de même à distinguer son visage nettement, malgré la distance et la voilette. Elle m'étonna d'abord. Une diva. Je m'attendais à une véritable Diva, avec des formes pulpeuses et même grasses. Pas du tout. Elle n'avait aucune forme. Le mot maigreur convenait même à cette femme. Ses pommettes étaient comme des épines traversant un visage fin, à la forme de losange. Ses yeux, incroyablement gros pour ce visage d'oiseau, étaient d'une couleur bleue ou verte, je croyais même remarquer quelque reflets mauves. Son nez était bizarrement insipide, d'aucune originalité. Un nez banal. Cela confirmait le caractère humain de cette femme, malgré sa beauté étrangère à notre monde. Cela me rassura. Elle humidifia ses lèvres en sortant un petit bout de langue rosée. Ces mêmes lèvres étaient sublimées par une couleur noire, noir de jais. Cette longue chevelure, faite de belles boucles anglaises, descendait en virevoltant, comme appelée de tous côtés par une force invisible, jusqu'à ses épaules frêles et délicatement découvertes. Elle portait une robe, d'un noir aussi sombre que ses cheveux et lèvres. Fendue jusqu'en haut de la cuisse à la mode chinoise, celle-ci laissait paraître intimement une partie de sa jambe, d'une maigreur et d'une blancheur cadavérique. Bien sur, sa blancheur. C'est le point qui m'avait le plus frappé à son arrivée. Peut-être parce que chaque partie de son corps nous étaient dévoilées. Des bras, des épaules, une jambe, un visage, un cou, un décolleté, des chevilles. Tout son corps était d'une blancheur nacrée. Pas une tâche, pas un grain de beauté... Je sut après qu'il était impossible de ne pas avoir de grains de beauté, ni sur les bras, ni sur les jambes, ni sur le visage. Je revins sur son visage et ses traits d'un infinie finesse. Ses cils d'une longueur indéfinissable, ensuite cachés par cette mystérieuses voilette, soulignaient la magnificence de ses yeux. J'entendis Paul se rapprocher de moi. Il tenta de m'embrasser. Je le repoussai. Personne n'avait le droit de détruire ce moment. Mon moment. Elle fit quelques pas minuscules et hésitants vers le micro. Aucun regard vers le public. Aucun clin d’œil séducteur. Aucun de ces artifices dont auraient usé les autres chanteuses de cabarets. Ses yeux n'avait fait aucun mouvement. Elle prit le micro de sa main de craie. Elle le rapprocha de son visage d'albâtre. Elle replaça une mèche de cheveux derrière une de ses oreilles. Le pianiste tapa sur les touches avec grâce et aisance. Les notes s'envolèrent comme des rossignols.
Et elle commença. Une sublime chanson. Arc-en-ciel infini, fleurs sensuelles, douce brise, soleil caressant, nuages d'argent et la Mort. La mort qui côtoient ces éléments si beaux. Mais la Mort elle-même n'était-elle pas somptueuse ? Ses bras nus n'accueillaient-ils pas avec sincérité les âmes égarées ? Son visage caché ne souriait-il pas avec douceur ? Sa faux ne servaient-elle pas à nourrir ces mêmes âmes ?
Sa cape noire, noir de jais, ne protégeait-elle pas ses invités des intempéries ou du danger des Limbes ? C'est ce que j'avais compris du chant. De cette ode à la Mort. A moins que le sens m'ait échappé. Peut-être était-ce une ode à l'Amour ? A la Joie ? A la Nature ? Au bonheur ? Toutes se ressemblaient car derrière toutes ses cachettes, la Mort prend place, magistralement. L'ode à la Mort était plus belle, infiniment plus attirante que toutes ces créations visant à réconforter un être humain en perte de l'Espoir. La dernière note allait retentir. Un vibrato hors du commun allait charmer notre ouïe. Rien. Comme ce mot est destructeur. Il n'est pas, puisqu'il n'est rien, mais comme le trou noir qui aspire tout autour de lui, ce mot, ce petit mot est messager de déception et grossit au fur et à mesure qu'il collecte ce sentiment. Rien n'arriva donc. Aucun son. Ma tête, plongé vers le plafond, se rabaissa subitement. Je me levai, d'un bond. Elle aussi baissa la tête subitement. Son chapeau tomba au sol, sa voilette avec. Elle mit une main à son cou et l'agrippa, comme elle s'agrippait à la main de l'Espoir. Ce vil Espoir lui tourna le dos et lâcha cette main. Elle la serra plus fort autour de ce cou gracile. Une subtile toux, aussi sublime que la chanson qu'elle venait d'interpréter, sorti de sa bouche. Elle releva sa tête et la montra à la face du monde. Ses yeux n'étaient pas bleus ou vert, ni reflétant du pourpre, comme je l'avais cru voir, mais gris. D'un gris de pierre. Maintenant je le remarquai. Son visage n'était pas blanc, son corps n'était pas blanc, mais gris. Sa chevelure noire devint terne comme un miroir sans teint, puis grise. Sous son rouge à lèvres noir, on pouvait deviner la couleur de ses lèvres. Sous cette robe, on pouvait deviner la couleur de son corps. Je poussai un cri, un cri puissant, aiguë, un cri égoïste. Je voulais voir cette mort. Ce décès était à moi. Tout le monde se retourna vers moi, interloqué. Je vis seule la Diva tomber en arrière. Un dernière flamme, grise, alluma ses yeux. L’Espoir était parti. Il avait définitivement laissé place à sa proche amie. La Mort avait ouvert ses bras accueillants. A son contact au sol, la Diva éclata. En un million de morceaux elle se brisa, comme une statue Grecque. Le bruit fit retourner tout le monde vers Arianna. Mais j'étais seule à avoir vu sa chute. Je soupirai, satisfaite. C'est dans ce bruit épouvantable, dans ce tel contraste avec sa subtile musique, qu'elle se protégea sous la cape de la Mort et embrassa son doux visage. Les gens hurlaient. Paul était choqué. Ses mains étaient crispées sur la table et ses yeux ronds fixaient les morceaux de pierre au sol. De pierre. Elle était devenue pierre. Comment ? Je le sut après. Tout le monde le sut après...

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